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Des rêves de coeur...
28 février 2007

Cette angoisse dans ma tête.

teleadiccion_by_lucyluh

Il y a tellement de choses que j'aurais aimé qu'il me dise. J'aurais aimé qu'il me regarde, qu'il prenne mes mains, et qu'il parle. Qu'il me dise : Voilà ce que fut ma vie. Voilà ce que j'ai vécu. Voilà ce que j'ai été. Voilà ce que tu es.

Mais ces mots que j'attends, je ne les aurais sans doute jamais. Je continuerais toute ma vie à le regarder comme un étranger, me demandant qui il est, qui je suis, d'où je viens. Quel a été mon père, quelle a été ma grand mère, quel a été mon grand père dont il ne me reste rien.

De lui, je ne retiendrais que ses livres. Je ne retiendrais que mes cris alors qu'il s'apprêtait à boire. Je ne retiendrais que ces "je t'aime" qu'il me disait alors que je n'y croyais déjà plus. Il ne me restera que les larmes sur les joues de ma mère, ces soirées de cauchemard que j'ai passées en essayant déséspéremment de me rattacher à quelque chose, alors qu'il ne me restait déjà plus rien.

Il me restera la douleur, la haine, l'incompréhension.
Il me restera ces quelques larmes étouffées au coin d'un couloir alors que personne ne pouvait me comprendre.
Alors que personne même ne voulait essayer de me comprendre.
De voir ma douleur, de voir que je souffrais, de voir que j'avais mal.

Chacun était trop occupé à crier.
Chacun était trop occupé à demander du réconfort.
Chacun était trop ocuppé à avoir mal.

Il ne me restera rien venant de lui. Jamais n'a t'il entreprit de me raconter son enfance. Ses quelques images que j'ai de lui, d'eux, de sa famille il y a de cela longtemps, m'ont été données par de simples photos. Ces albums poussiéreux que j'ai un jour entreprit d'ouvrir, en cachette, enfermée dans la chambre dans laquelle je dormais, chez ma grand mère paternelle.

J'y ai vu mon père enfant. Je l'ai vu tel qu'il a été. Tel que ma mère l'a aimé. Il avait été beau, vraiment beau. Jeune, souriant, intelligent, et encore et surtout beau. J'ai regardé ces photos autant qu'il m'en a été permis. J'y revenais, pendant ces plusieurs jours passés là bas.

"Il n'était pas comme ça quand on s'est mariés". Combien de fois ai-je entendu cette phrase? Comme pour s'excuser. Comme pour excuser notre malheur.

Alors, la première fois que j'ai découvert, la première fois que j'ai vu, la première fois que j'ai feuilleté cet album, je l'ai cru. Je me suis dit : si je l'avais rencontré, si j'avais été ma mère, je n'aurais pas non plus pu résister. Je souriais de découvrir qu'ils avaient été si beaux. Parce que maman aussi, a été très belle. Très très belle.

Alors qu'est ce qui a bien pu ce passer? Pourquoi?
Pourquoi à nous? A elle? Pourquoi à moi?

Pourquoi ce sourire que j'ai découvert sur ces photos aujourd'hui n'est plus?
Pourquoi mon père est devenu aussi exécrable, aussi haïssable, aussi dégueulasse?

Pourquoi?

Qu'est ce qui a fait que tout a changé?
Qu'est ce qui a fait qu'aujourd'hui je n'ai plus celui que j'aurais aimé rencontré?

Qu'est ce qui a fait?

A présent, aujourd'hui, maintenant,
Je ne trouve même plus la force de regarder ces photos.

Ces heures que j'ai passées à feuilleter ces albums, je ne veux plus jamais les revivre.
Ces photos qui me faisaient sourire,
à présent me font atrocement mal.

Je ne les comprends plus. Je ne veux plus savoir.
Je ne veux pas voir ce que j'ai perdu.

Je ne peux plus regarder leur album de mariage.

Il est insupportable de voir le sourire de ma mère alors qu'elle était heureuse. Il est insupportable de les voir amoureux. Je ne peux plus, j'en peux plus, je ne supporte plus de ne plus comprendre. Comment est ce possible?

Et personne, comme hier, ne m'explique. Personne ne me parle.

Personne ne me rassure.

Personne ne sait, personne n'a su,
personne ne saura ce que j'ai porté en moi pendant toutes ses années.
Personne ne sait les souvenirs qui me frappent encore.
Tout le monde ignore, tout le monde vit pour lui, tout le monde ne se souvient déjà plus.
Est ce que mes parents se souviennent comme moi de toutes leurs disputes?

Aujourd'hui qu'ils ne se disputent presque plus, c'est moi qui est dégouttée.

Alors qu'il y a encore un an je parlais à mon père, aujourd'hui je ne supporte plus d'être dans la même pièce que lui.
Alors qu'il y a un encore un an je pouvais le voir, le sentir, prendre conscience de sa présence, aujourd'hui je passe mes journées enfermées dans ma chambre lorsqu'il est là.

Alors qu'il y a encore quelques années je m'inquiétais lorsqu'il avait quelques minutes de retard, aujourd'hui je m'en fous.
Alors qu'il y a quelques années, j'éprouvais un peu de joie de le voir venir à la maison, aujourd'hui je demande à ma mère la date de son départ.
Alors qu'il y a quelques années, je prenais son coté lorsque ma mère lui gueulait dessus pour ses livres, aujourd'hui je la laisse faire.

Alors qu'il y a encore quelques années je croyais l'aimer, aujourd'hui je me fais peur à le haïr.

Et ma mère ne comprend plus.
Elle me dit : Ne parle pas comme ça a ton père.
Elle me dit : Respecte le, c'est ton père.
Elle me dit : Arrête de gueuler, sinon il va t'en flanquer une.

Elle me dit : Pourquoi?

Et moi, j'aurais aimé lui répondre :
Maman. Cette haine dont tu te plains, tu en ai la seule responsable. Vous m'avez dégoûtés, toutes ces années, vous m'avez fait souffrir alors que j'étais encore qu'une enfant.
Toi et toi seule, sans le vouloir, est responsable de tout.
Je ne t'en veux pas.
Mais rien n'y changera.
Toi et ce père qui se dit m'aimer si fort,
alors que les jours passent sans qu'il n'en ai rien a foutre de moi.
Maman.
Arrête de vouloir gommer de mes yeux toute la haine que j'ai vu dans les tiens.
Maintenant que tu n'a même plus la force de casser des verres et des assiettes, maintenant que peut être il te manque, maintenant que tu te rend peut être compte de ce que vous m'avez fait, maitenant que tu as su me faire comprendre combien tu as souffert, maintenant tout est trop tard.

J'aurais aimé leur dire à tous : J'ai peur.
J'ai peur d'être seule, j'ai peur de ne plus avoir de soutien.
J'ai peur de ne plus avoir d'épaule sur lesquelles pleurer ma colère.
J'ai peur d'être si différente, si peu normale, si bizarre par rapport à un père qui semble m'aimer.

J'aurais aimé dire : J'ai pas envie de lui faire du mal. J'ai pas envie de vous faire du mal.

J'aurais aimé parler. J'aurais aimé me confier à quelqu'un, pour de vrai.
J'aurais aimé dire tout ce que j'ai sur le coeur sans que plus rien ne me retienne. J'aurais aimé que quelqu'un me comprenne, enfin. J'aurais aimé ne plus être seule face à ses fantômes qui reviennent sans cesse.

J'aurais aimé tout raconter. Une fois pour toute. Peut être un jour j'en trouverais la force.
Peut être qu'un jour,
des yeux qui sauront me comprendre
enfin croiseront les miens.

Peut être que je réussirais à ne pas faire du mal.
Peut être que je n'en rêverais plus.

Peut être.

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Commentaires
R
Alcoolique ou pas, j'en sais rien. En fait jmen fiche un peu maintenant. Ca fait peut etre un ou deux ans que je lui ai caché ses bouteilles, je ne le vois plus boire. Qu'il se fasse du mal si ca lui fait plaisir =) Je m'inquiette plus pour ca. Voilà. ^^<br /> <br /> Bizoux!
D
"il buvait tout les samedis "<br /> "Et il boit plus qu'avant."<br /> Je suis pas toubib...mais ça ressemble à un alcooloque là :s J'ai connu ça de manière éphémère avec mon père. Qui va mieux et qui est bien. Mais je peux apercevoir ce que tu vis. J'ai détesté le mien un temps. Ca n'est pas forcément définitif.<br /> Et puis tu partiras un jour, faut penser à ça. Tu vis pour toi, pas pour tes parents.
R
Tu ne me blesse pas.<br /> Ce n'est pas un alcoolique. Lorsqu'il vivait ici, il buvait tout les samedis (et ca me faisait mal). Maintenant il vit loin parce qu'il a été muté ailleurs. Je ne le vois que 3 jours par semaine. Et il boit plus qu'avant. Maintenant je sais pas ce qu'il fait là bas. Je veux pas savoir.<br /> <br /> Mon père est bien dans sa peau. C'est une autre histoire. Yaurais des pages a écrire sur le sujet. Je le ferais une autre fois.<br /> <br /> Merci de ton commentaire =)
D
Tu le hais. T'as encore des sentiments pour lui. Ca veut dire que tant qu'il vit, un changement est possible.<br /> Si tu étais indifférente, là ça serait foutu.<br /> J'ai peur de dire une connerie mais il boit? il a des pbs? Parce que ça peut se soigner tout ça.<br /> Dslée si jamais je te blesse, c'est pas le but.
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